de se soumettre aux volontés de l’assemblée générale composée, disait-il, de leurs pères et bienfaiteurs. Il les invitait à se joindre aux blancs pour combattre les nègres révoltés, en leur faisant envisager que leurs intérêts étaient semblables, qu’ils avaient tout à redouter des esclaves. Il suivait ainsi le plan machiavélique qui formait la base du régime colonial, de mettre la division entre les hommes de couleur et les nègres esclaves. Cet acte de Blanchelande insinuait que la révolte de ces derniers aurait eu lieu à l’instigation de la classe intermédiaire.
Plût à Dieu que l’histoire pût constater qu’effectivement cette insurrection des noirs ne fut que l’œuvre des hommes de couleur ! Ce serait leur plus beau titre de gloire aux yeux de la postérité. Mais nous avons dit toutes les causes qui ont contribué à cette action hardie des esclaves, la seule qui pouvait enfin contraindre les blancs à proclamer la liberté générale, ainsi que nous le verrons plus tard.
Peu de jours après arriva officiellement le décret du 24 septembre. Le gouvernement royal, qui n’avait point expédié de la même manière ni le décret du 28 mars 1790 favorable, dans ses termes, aux hommes de couleur, ni celui du 15 mai 1791 encore plus favorable, par ses dispositions expresses, à une portion de cette classe ; le gouvernement royal s’était empressé d’envoyer celui du 24 septembre, avec ordre au gouverneur général de le faire exécuter. Une lettre de Delessart, ministre de la marine et des colonies, fut imprimée et répandue aussitôt dans toute la colonie. Le ministre citait les paroles de Louis XVI aux commissaires de l’assemblée constituante, chargés de présenter ce décret à son