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même temps l’assemblée générale s’adressa aussi aux États-Unis et porta Blanchelande à s’adresser aux gouverneurs de Cuba et de la colonie espagnole de Saint-Domingue ; mais ce fut uniquement pour masquer la négociation avec celui de la Jamaïque.

À propos de cette négociation, une chose est à remarquer, qui prouve la passion et l’inconséquence des colons de Saint-Domingue : c’est que, dans la demande de secours adressée au gouverneur de la Jamaïque, ils désignaient les nègres indépendans de la montagne Bleue, comme propres à leur être envoyés pour comprimer la révolte des nègres de Saint-Domingue.


En même temps qu’elle réclamait des secours de la Jamaïque, pour cacher son intention de livrer la colonie à la Grande-Bretagne, l’assemblée générale du Cap fit mettre l’embargo sur tous les navires français, afin que la France ne fût pas informée de ce qui se passait à Saint-Domingue. La nouvelle de ces événemens n’y arriva que par la voie de l’Angleterre. On en douta même, tant il paraissait extraordinaire que ni le gouverneur Blanchelande, ni l’assemblée générale ne se fussent pas empressés d’en donner avis à la métropole.


Cependant, malgré toutes les intrigues et les manœuvres odieuses de la part du club Massiac et des membres de l’assemblée de Saint-Marc restés en France, on avait enfin nommé commissaires civils, MM. Roume, de Mirbeck et de Saint-Léger, pour se rendre à Saint-Domingue. Ces commissaires étaient sur le point de partir de Brest, lorsque Barnave fit rendre un décret, le 29 août, qui suspendit leur départ. Poursuivant son plan