égorger les blancs, et ils massacrèrent une foule de mulâtres. Ceux qui échappèrent à ces assassinats, s’étant réfugiés dans l’église, l’assemblée coloniale eut l’air de les prendre sous sa sauvegarde, pour pouvoir les contraindre à concourir avec les blancs à combattre les insurgés de la plaine. Des malheureux qui étaient tenus sous l’appréhension d’une mort prochaine, se fussent bien gardés de refuser leur concours à cette répression : ils acceptèrent ou sollicitèrent de marcher, avec toutes les apparences d’une vive satisfaction, et s’enrôlèrent sous les ordres des blancs. S’ils avaient été libres d’adopter le parti qui leur eût mieux convenu, il n’y a nul doute qu’ils eussent préféré imiter ceux de leur classe qui se joignirent aux esclaves pour combattre les blancs. Dans son Récit historique, Gros signale à chaque page le concours des mulâtres et des nègres libres, donné aux insurgés. Peut-on supposer, en effet, que ces hommes, qui avaient vu rouer Ogé et Chavanne pour leur cause commune, n’éprouvaient pas une joie secrète de les voir vengés par les nègres esclaves, réunis aux nègres et mulâtres libres ?
Nous n’entrerons pas dans le récit de tous les combats qui eurent lieu alors, et qui continuèrent entre les blancs et les noirs insurgés du Nord ; car notre but est surtout de chercher à découvrir l’influence qu’exercèrent sur la situation du pays les actes des autorités coloniales et de la métropole.
Que Blanchelande et les autres contre-révolutionnaires aient été ou non les auteurs de l’insurrection des esclaves, que ce soient les colons eux-mêmes, suivant les conseils de Gouy d’Arcy et des autres intrigans résidans à Paris, toujours est-il que les blancs combattirent les