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élevés sur des cadavres, et de ces riches moissons arrosées du sang de ces infortunés. On arrêta quelques esclaves qui furent exécutés avec promptitude, tant on redoutait les aveux.

» Enfin, le 22 août, à dix heures du soir, Boukman, l’intrépide Boukman se mit à la tête de l’atelier de l’habitation Turpin, entraîna ceux des habitations Flaville et Clément, et se porta sur l’habitation Noé. Là, le feu fut mis aux cases : en un instant, tout le quartier de l’Acul et celui du Limbé furent embrasés : tous les esclaves se levèrent armés de torches, de haches, de bâtons, de couteaux, de manchettes, etc. ; toutes espèces d’armes leur servirent. Les blancs qui osèrent résister furent sacrifiés ; d’autres, désignés à la haine des esclaves par leurs atrocités connues, périrent également. En quatre jours, le tiers de la plaine du Nord n’offrait qu’un monceau de cendres… »


Pour ne rien omettre ici, concernant la part attribuée à Toussaint Louverture sur l’insurrection des esclaves, nous citerons les lignes suivantes, empruntées à un rapport présenté par le général Kerverseau, le 20 fructidor an IX (7 septembre 1801), au ministre de la marine et des colonies.

« Toussaint, façonné par un long esclavage au manége de la flatterie et de la dissimulation, sut masquer ses sentimens et dérober sa marche, et n’en fut qu’un instrument plus terrible dans les mains des désorganisateurs. Ce fut lui qui présida l’assemblée où il fit proclamer chefs de l’insurrection Jean François, Biassou et quelques autres, que leur taille, leur force et d’autres avantages corporels semblaient désigner pour le com-