Gros indique du reste l’influence très-grande qu’exerçaient quelques prêtres, tels que les abbés Bienvenu, de La Haye, Sulpice, etc., sur les noirs insurgés, de même que les Espagnols des bourgades voisines des lieux en révolte, qui, en échange du riche mobilier pillé chez les colons, qu’ils recevaient des esclaves, leur fournissaient de la poudre et des armes.
À son tour, Blanchelande, accusé devant le tribunal criminel révolutionnaire de Paris, dans son discours justificatif prononcé le 15 mars 1793, dit : « Cependant, le préjugé si funeste à cette île, que des hommes blancs conservèrent contre des hommes d’une autre couleur que la leur, et dans l’origine, la prise d’armes, les démarches illicites et les demandes prématurées de ceux-ci, amenèrent, au mois d’août 1791, la révolte des esclaves qui, après avoir été les instrumens de l’un et l’autre parti, finirent par réclamer pour eux-mêmes la liberté et l’égalité des droits politiques. »
Dans son rapport, Garran remarque que, dès 1789, il y eut une grande fermentation parmi les esclaves, sur différens points de la colonie, au moment où les nouvelles venues de France mettaient les autres classes en agitation. Des mouvemens séditieux s’étant manifestés parmi des ateliers dans le Sud, plusieurs nègres furent immolés sur l’échafaud : il cite à ce sujet une lettre du 1er octobre 1789, de François Raymond à son frère Julien Raymond.
Cette compression ne fît qu’exciter sourdement ces malheureux à briser leurs fers. Les blancs, qui redoublèrent de rigueur contre les affranchis, ne pouvaient pas mieux traiter les esclaves. En juin et juillet 1791, des mouvemens insurrectionnels eurent lieu parmi des