Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Guyane hollandaise, des nègres esclaves fugitifs sont restés indépendans et libres, en contraignant les blancs de ces colonies à les respecter aussi dans leurs retraites. Comme ceux de Bahoruco à Saint-Domingue, ils gardèrent fidélité aux conventions qu’ils avaient souscrites avec leurs anciens persécuteurs, ne recelant plus de nouveaux fugitifs et les rendant même à leurs maîtres, quand il s’en échappait, moyennant un salaire convenu.

Ainsi, dès le principe de l’établissement de l’esclavage dans les deux colonies qui divisaient le territoire de Saint-Domingue, jusqu’à l’époque de la révolution de la colonie française, les noirs prouvèrent, de temps à autre, que l’amour de la liberté était aussi puissant en eux que parmi les autres hommes. Ceux de cette île furent les premiers qui tracèrent aux autres cet exemple honorable.

Toutefois, l’histoire doit à la vérité de réunir ici toutes les causes accessoires qui ont pu concourir au grand événement dont nous allons décrire les phases. C’est au lecteur de les apprécier pour se former lui-même une opinion raisonnée à ce sujet. Notre devoir en cette circonstance, comme en toutes autres, n’est pas d’imposer notre propre opinion : en éclairant les faits d’après les documens existans et les traditions orales, nous mettons le lecteur à son aise ; nous l’aidons seulement dans le travail qui lui est réservé.


Sans nul doute, les contumaces de l’affaire d’Ogé, obligés de se cacher dans les bois pour se soustraire à la mort, ont dû souffler aux esclaves du Nord le conseil de se révolter, afin de trouver dans un tel événement le moyen de sortir de leur affreuse position.

Des faits imputables aux colons paraissent aussi y