dissoudre. Sur les observations qui lui furent adressées par Hanus de Jumécourt, il rétracta cette proclamation par ses lettres confidentielles, avilissant ainsi l’autorité dont il était revêtu.
Dans cet intervalle, l’armée des hommes de couleur s’était portée à quatre mille hommes, sans compter les blancs qui étaient d’accord avec eux, et les esclaves armés désignés sous le nom de suisses. Les concordats avaient été adoptés dans diverses paroisses du Sud où les hommes de couleur avaient réussi à s’organiser. Une autre circonstance les fortifia : ce fut le départ des frégates anglaises, du Port-au-Prince. En même temps, le progrès de la dévastation produite par le soulèvement des noirs dans le Nord, effrayant de plus en plus les blancs du Port-au-Prince comme ceux du Cap, et la nouvelle assemblée coloniale elle-même, la paroisse du Port-au-Prince finit par consentir à traiter définitivement de la paix.
La force des hommes de couleur était telle alors, que Pinchinat et les chefs de l’armée jugèrent convenable d’imposer leurs conditions dans un nouveau concordat général, pour toutes les paroisses de l’Ouest, lequel servirait pour toute leur classe dans la colonie.
En conséquence, des commissaires furent nommés de part et d’autre et se réunirent, le 19 octobre, sur l’habitation Goureau, située à deux lieues du Port-au-Prince. Ils discutèrent les articles de ce traité de paix qui fut définitivement signé le 23 octobre, sur l’habitation Damiens, voisine de Goureau. Pinchinat fut reconnu président des commissaires de couleur, Caradeux aîné, président de ceux des blancs.