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beaucoup de noirs esclaves, comme nous l’avons dit. Ces commissaires parvinrent à leur faire comprendre qu’il ne dépendait que des hommes de couleur, au moyen de ces auxiliaires, de soulever tous les esclaves d’un bout de la colonie à l’autre, et d’anéantir la race blanche à Saint-Domingue. Ce raisonnement fut d’autant mieux apprécié par ces pervers, que déjà, en même temps que les mulâtres de l’Ouest, les nègres esclaves s’étaient soulevés et avaient incendié toute la riche plaine du Nord.

Le Port-au-Prince envoya alors des commissaires à la Croix-des-Bouquets ; ils signèrent, le 11 septembre, un nouveau concordat avec ceux des hommes de couleur, présidés par Pinchinat. Dans ce dernier concordat, forts de leurs succès et de leur nombre, les hommes de couleur qui avaient plus d’exigences en raison de la conduite des blancs du Port-au-Prince, imposèrent pour conditions, outre les stipulations contenues dans celui du 7 :

1o Que les blancs leur reconnaîtraient l’égalité des droits politiques avec eux, droits que leur garantissaient la loi naturelle, les principes de la révolution française, les décrets du 28 mars 1790 et 15 mai 1791, de même que le code noir de 1685 ;

2o Que le secret des lettres serait inviolable ; les blancs en avaient abusé à leur égard ;

3o Que la liberté de la presse serait consacrée, sauf la responsabilité légale ;

4o Que toutes proscriptions prononcées contre les hommes de couleur, soit par décrets, jugemens, confiscations, etc., seraient annulées ;

5o Qu’ils se réservaient de faire dans un autre moment