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quets par les blancs du Cul-de-Sac. Ces envoyés étaient venus s’informer des motifs de leur prise d’armes, et avaient reçu pour réponse, qu’ils voulaient obtenir l’exécution des décrets nationaux sanctionnés par le roi, et que les blancs du Cul-de-Sac ne devaient rien craindre de leur part ; qu’ils étaient armés seulement pour pourvoir à leur sûreté et résister aux outrages, aux persécutions des blancs du Port-au-Prince.

Or, Hanus de Jumécourt, ancien membre de l’assemblée générale de Saint-Marc, s’en était retiré dès qu’elle avait manifesté ses projets d’indépendance et son intention de subjuguer le gouverneur, comte de Peinier. Il était entré dans les vues contre-révolutionnaires de ce gouverneur et de Mauduit, qui avaient rallié à leur parti, par des ménagemens étudiés, les hommes de couleur de l’Ouest, qu’ils croyaient très-dévoués à leur projet, tandis que ces derniers ne s’étaient réunis au gouvernement colonial, que pour pouvoir se préserver des fureurs de l’assemblée de Saint-Marc[1]. Hanus de Jumécourt et la plupart des planteurs du Cul-de-Sac étaient mal vus au Port-au-Prince où dominaient les partisans de cette assemblée. Depuis la mort de Mauduit, ceux qui faisaient partie de la corporation contre-révolutionnaire des pompons-blancs, avaient dû fuir de cette ville, à cause des vexations dont ils étaient l’objet ; ils s’étaient réfugiés à la Croix-des-Bouquets, où s’étaient également rendues des familles de couleur, persécutées par les blancs.

Hanus de Jumécourt et les autres partisans du gouvernement colonial au Cul-de-Sac, ne furent donc pas éloi-

  1. On connaît le mot de Bauvais à Roume : « Il nous fallait conquérir nos droits ; nous avions besoin d’auxiliaires : le diable se serait présenté, que nous l’aurions enrégimenté. »