lorsque nous réclamons la protection du gouvernement et celle des lois anciennes et nouvelles, que vous nous prescrivez d’attendre paisiblement et avec résignation la promulgation des lois qui peuvent nous concerner, comme si, depuis l’établissement des colonies et surtout depuis la révolution, les lois anciennes et nouvelles autorisaient les citoyens blancs à nous persécuter et à nous égorger. C’est lorsque nous nous plaignons amèrement de nos tyrans et de nos persécuteurs que vous nous ordonnez de ne jamais oublier les égards, le respect et la vénération que nous devons aux citoyens blancs… » Ils la terminèrent, en lui annonçant qu’ils vont s’armer pour pourvoir à leur sûreté, et qu’ils abandonnent le soin du reste à la Providence.
Le gant était jeté !… Ils ne pouvaient pas descendre plus dignement dans l’arène.
Le campement des hommes de couleur à Diègue inspirant des craintes aux blancs répandus sur les habitations, ceux des montagnes voisines, du Grand-Fond et de Bellevue, se réunirent sous les ordres de l’un d’eux, nommé Lespinasse, pour se rendre en ville. Au camp on apprend qu’ils vont bientôt passer sur la grande route qui borde l’habitation Néret, voisine de Diègue ; Bauvais ordonne à une cinquantaine d’hommes de s’y rendre pour les observer, afin de ne pas être surpris. Mais en se voyant, l’animosité préexistante entre les uns et les autres, excitée encore par Obran, d’un caractère ardent, amène un engagement où les blancs, tous à cheval, fuient avec la plus grande vitesse pour éviter les balles des adroits chasseurs de couleur. Deux hommes y perdirent la vie, un de chaque côté : le trompette des cavaliers