sion entre eux, en tenant à ceux qui ne se trouvaient pas compris dans le bénéfice de cet acte (parce qu’ils n’étaient pas nés de pères et mères libres), des paroles propres à les aigrir contre les autres. Ce fut en vain. Ils eurent le bon sens de reconnaître le piége colonial, tandis que ceux qui étaient favorisés agissaient pour obtenir l’exécution, non-seulement du décret du 15 mai, mais des décrets émanés de l’assemblée nationale, comprenant ainsi celui du 28 mars 1790, et prévoyant bien qu’une fois armés régulièrement, les hommes de couleur parviendraient facilement à obtenir tous les droits qu’ils réclamaient.
Si le conseil du Mirebalais s’adressa à Blanchelande, de manière à ne pas trop éveiller ses craintes, les hommes de couleur du Port-au-Prince, auxquels étaient réunis quelques-uns des principaux du Sud poursuivis dans leurs paroisses, n’agirent pas avec moins de prudence dans les préparatifs qu’il fallait faire pour arriver à leur organisation militaire. Ils se réunirent secrètement, sans armes, sur une petite habitation de Louise Rateau (femme de couleur parente de Bauvais), située aux environs de cette ville : c’était le 21 août 1791. On y décida de nommer Bauvais chef de l’insurrection : il était alors au Mirebalais, du conseil des quarante représentans.
Bauvais avait fait partie de l’expédition de Savannah et s’y était distingué par sa bravoure. Élevé en France, il y avait reçu une bonne éducation, et il était doué d’un caractère modéré et de beaux sentimens : ses principes étaient sévères. Ce choix fut généralement approuvé. Il y avait avantage pour la classe des hommes de couleur d’avoir à la tête de leur armée, à leur prise d’armes, un