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lui donna les pouvoirs les plus étendus, et plaça ses membres sous la sauvegarde immédiate de tous les hommes de couleur, qui s’engagèrent à la soutenir de toutes leurs forces et de toutes leurs facultés. Cet acte, rédigé dans ce saint lieu, se terminait par une invocation à l’Être Suprême qui les voyait et qui les entendait : ils jurèrent en sa présence de le maintenir, et de rester inviolablement fidèles à la nation, à la loi et au roi, c’est-à-dire à la France[1].


Le premier acte extérieur du conseil politique fut d’adresser à Blanchelande, alors au Cap, une copie de celui de sa constitution, avec une lettre pleine d’énergie, de raison et de respect, dit Garran. Ses membres se plaignirent à lui-même de la partialité qu’il montrait pour leurs ennemis en révolte ouverte contre les décrets de la nation, manifestant hautement leurs projets de scission et d’indépendance ; ils lui rappelèrent que c’était à lui de faire exécuter ces décrets. Leur lettre portait la date du 11 août.

Le 22, Blanchelande leur répondit qu’il désapprouvait leur conduite et leur assemblée illicite ; il leur enjoignit de se séparer et d’attendre avec résignation et paisiblement la promulgation de toutes lois qui pourraient les concerner, et surtout de ne jamais oublier les égards, le respect et la vénération qu’ils devaient aux blancs, auteurs de leur liberté et de leur fortune.

De leur côté, les colons, qui avaient juré de ne pas exécuter le décret du 15 mai, effrayés de l’attitude des hommes de couleur, essayèrent partout de semer la divi-

  1. Rapport de Garran, tome 2, page 130 et suivantes.