mens qui a existé entre lui et moi, par suite des éclaircissemens qu’il m’avait donnés depuis longtemps, sur certaines circonstances importantes de notre histoire nationale. C’est encore comme enseignement politique que j’offre à mes concitoyens l’exposé des opinions que je me propose d’émettre.
En effet, il faut que notre postérité profite de toutes les leçons qui résultent des glorieux efforts que nos pères ont faits, pour conquérir leur liberté naturelle et l’égalité des droits sur le régime colonial, et pour affranchir enfin notre pays de la domination de la France. Il faut qu’elle profite également des fautes que nous avons commises, des torts que nous avons eus dans notre liberté d’action, comme nation indépendante. C’est à ces conditions que les peuples progressent dans la voie tracée à l’humanité, par la Providence qui veille au salut de tous. Les peuples sont si souvent le jouet des passions des chefs qui les dirigent ; il importe tant à leur bonheur qu’ils soient éclairés sur les faits, pour apprécier convenablement les actes de ces directeurs, pour se garantir de la perversité des méchans, qu’on ne saurait trop produire au grand jour le fond des choses, en les envisageant sous cet aspect qui en fait une étude utile à la société. L’histoire a cet objet pour but, l’historien doit s’honorer en essayant d’y atteindre.
La souveraineté du peuple est, pour le xixe siècle, un principe fécond, vivifiant, adopté et proclamé par les nations les plus civilisées du monde. Il n’est pas permis à celles qui naissent à la vie politique de méconnaître, d’abjurer ce principe, sans tomber immédiatement dans une décadence précoce, sans se déshonorer aux yeux des autres.