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La mère de Maximilien se nommait Cécile La Mahautière[1], d’une famille respectable de cette classe de couleur, vouée au mépris de la classe blanche. M. Borgella n’eût pu l’épouser sans se mésallier et perdre les droits que lui donnait son origine européenne. Les mœurs du temps, le besoin d’une protection faisaient ces alliances naturelles que les blancs, auteurs des lois coloniales, flétrissaient ensuite. On a vu plus avant ce qu’ils disaient du concubinage que leurs passions déréglées et l’absence de femmes européennes les avaient portés à établir dans la colonie.

Maximilien était donc un enfant naturel, un bâtard, selon l’expression en usage à cette époque. Il ne fut pas, et il ne pouvait être reconnu par son père : celui-ci ne fît même aucun cas de lui dans son enfance. Mais quand ses qualités personnelles l’eurent fait distinguer, quand sa bravoure sur le champ de bataille eut été remarquée, découvrant alors que son sang n’avait pas dégénéré dans les veines de ce mulâtre, M. Borgella l’aima assez pour saisir l’occasion de le protéger auprès de Toussaint Louverture.

Maximilien, qui n’était pas autorisé par la loi civile à porter le nom de Borgella, l’a pris cependant, comme l’ont fait la plupart des mulâtres, lorsque la loi du 4 avril 1792 eut établi la parfaite égalité entre tous les hommes libres de la colonie : en cela, ils voulaient plutôt humilier l’orgueil des blancs, qui les contraignaient auparavant à porter des noms africains, que s’abaisser eux-mêmes. Toutefois, le jeune Borgella, envoyant son père le rechercher, après les premiers suc-

  1. Elle était la fille naturelle de M. Duvivier de la Mahautière, membre du conseil supérieur du Port-au-Prince.