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une déclaration écrite de M. Desligneris, qu’on observerait les formes légales envers les prisonniers, employa lui-même des formes avant de les livrer : il soumit la question de l’extradition à l’examen des personnages qui devaient concourir avec lui à en juger.

Le 19 décembre, le fiscal oidor (procureur du roi) émit une opinion motivée et conclut à la remise des prisonniers : il se nommait Fonserada. Cette opinion se fondait sur l’intérêt qu’avaient les puissances qui ont des colonies, à ne pas favoriser les prétentions des hommes de couleur de devenir les égaux des blancs ; elle réclamait aussi l’application du traité de police passé entre la France et l’Espagne, pour l’extradition des criminels.

Le 20, Vicente Antonio de Faura, avocat, assesseur du gouverneur, lui remit aussi une opinion motivée, concluant à ne pas livrer les prisonniers et à attendre les ordres de la cour d’Espagne, à qui rapport en serait fait. Cette opinion, fondée sur les plus hautes considérations politiques (en raison des circonstances où se trouvait la colonie française, et de la grande révolution survenue en France qui avait modifié et restreint l’autorité royale), mettait en doute la question de savoir si la cour d’Espagne voudrait maintenir le traité de police, de 1777, contracté avec le roi de France, pour l’extradition des criminels de l’une et l’autre colonie. Elle rappelait au gouverneur Garcia, qu’en fait, le traité n’était déjà plus observé dans la colonie voisine, puisqu’en une circonstance récente on avait vainement réclamé des criminels espagnols qui y avaient trouvé refuge. Faura faisait encore remarquer que la réclamation faite contre Ogé et ses compagnons portait qu’ils