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l’assemblée provinciale du Nord et le nouveau gouverneur de la partie française, le général Blanchelande, s’empressèrent d’écrire à Don Garcia, pour réclamer son extradition et celle de ses compagnons[1].

Blanchelande était au Port-au-Prince pendant l’insurrection : en ce moment, il recevait les rênes du gouvernement colonial, des mains du comte de Peinier qui partit pour la France le 8 novembre. Sa lettre du 16 disait à Don Garcia, qu’elle lui serait remise par M. de Négrier, commandant de la corvette la Favorite, qui se rendait à Santo-Domingo pour recevoir à son bord ces mulâtres insurgés ; elle lui parlait d’une autre, écrite par lui-même à ce gouverneur, dont M. Desligneris, capitaine au régiment du Port-au-Prince, était porteur : c’était par cette dernière qu’il réclamait l’extradition des insurgés. Ainsi, Garran se trompe, faute de documents, quand il dit que ce fut l’assemblée provinciale qui fit cette réclamation, en prenant sur elle d’emprunter le nom du gouverneur. C’est à M. Desligneris que remise fut faite des prisonniers, au nombre de 26, le 21 décembre : ce même jour, il signa un acte, après avoir prêté serment, par lequel il promit que l’on observerait les formes légales dans le procès à instruire contre eux.

Blanchelande adressa également, le 18 novembre, la lettre suivante, écrite tout entière de sa main, au commandant de Las Caobas. Nous la transcrivons pour donner une idée à nos lecteurs, des sentimens de ce gouverneur qui servit si bien les passions des colons, dans cette circonstance et dans tant d’autres. Nous copions textuellement :

  1. Nous possédons ces lettres originales, que nous avons prises dans les archives de Santo-Domingo.