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ron, Pierre Arceau, Toussaint Parvoyé ; Jean-Baptiste Grenié, Louis Grégoire, Jean-Baptiste Chevrier, Joseph Palmentier, Louis Labonté, Jean Picard et François Miot : plus, l’esclave Louis, appartenant à Ogé, et l’esclave Nicolas-François Olandes, appartenant à Jean-Baptiste Chavanne.


Le 11 novembre, étant à Banica, Ogé rédigea une lettre qu’il adressait au gouverneur de la colonie espagnole, mais qui ne fut pas expédiée : elle se trouva parmi d’autres papiers, dans une cassette. On trouva aussi plus de deux cents pièces manuscrites ou imprimées dans sa valise qu’avait Chavanne, à Saint-Jean.

Par la lettre qu’Ogé écrivait au gouverneur, et qui ne fut qu’un projet, il offrait, en son nom et au nom de ses compagnons en fuite, de prêter serment de fidélité et de vasselage au roi d’Espagne. Cette offre était commandée par leur position de fugitifs. Ils n’ignoraient pas que le gouvernement colonial demanderait leur extradition ; et pour ne pas être livrés à leurs bourreaux, ils voulaient avoir recours à ce moyen qu’ils croyaient propre à inspirer la sympathie des Espagnols. D’un autre côté, ils savaient que les hommes de couleur du Fond-Parisien et d’autres de l’Artibonite avaient trouvé refuge et protection sur le territoire espagnol ; ils pouvaient donc espérer d’être traités aussi favorablement.

Était-ce un tort de leur part, d’ailleurs, de concevoir l’idée de changer de patrie, de se soumettre à un autre gouvernement, à un autre souverain, lorsque leur pays ne leur offrait qu’humiliations et injustice ? Le droit naturel de l’homme n’est-il pas de renoncer à sa nationalité, quand la tyrannie lui en fait en quelque sorte un devoir ?