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cette province. Dans l’une et l’autre, il demandait l’exécution du décret du 28 mars.

« Messieurs, disait-il à l’assemblée, un préjugé trop longtemps soutenu va enfin tomber. Je vous somme de faire promulguer dans toute la colonie le décret de l’assemblée nationale du 28 mars, qui donne, sans distinction, à tous les citoyens libres le droit d’être admis dans toutes les charges et fonctions. Mes prétentions sont justes, et j’espère que vous y aurez égard. Je ne ferai pas soulever les ateliers ; ce moyen est indigne de moi.

» Apprenez à apprécier le mérite d’un homme dont l’intention est pure. Lorsque j’ai sollicité à l’assemblée nationale un décret que j’ai obtenu en faveur des colons américains, connus anciennement sous l’épithète injurieuse de sang-mêlés, je n’ai point compris, dans mes réclamations, le sort des nègres qui vivent dans l’esclavage. Vous et nos adversaires avez empoisonné mes démarches pour me faire démériter des habitans honnêtes. Non, non, Messieurs, nous n’avons que réclamé pour une classe d’hommes libres, qui étaient sous le joug de l’oppression depuis deux siècles. Nous voulons l’exécution du décret du 28 mars. Nous persistons à sa promulgation, et nous ne cessons de répéter à nos amis, que nos adversaires sont injustes, et qu’ils ne savent point concilier leurs intérêts avec les nôtres.

» Avant d’employer mes moyens, je fais usage de la douceur. Mais si, contre mon attente, vous ne me donniez pas satisfaction de ma demande, je ne réponds pas du désordre où pourra m’entraîner ma juste vengeance.

» Les deux dragons de Limonade ont fait ce qu’ils ont