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tres affranchis de cette ville, sous les ordres des blancs, parce que ce nègre courageux met en fuite ses bourreaux, un massacre général a lieu immédiatement de tous les nègres et mulâtres libres, par les blancs qui les rencontrent dans les rues ou qui les atteignent dans leurs demeures.

Ces actes injustes et barbares, commis par des hommes qui se disaient civilisés, qui se croyaient supérieurs en intelligence et en vertus morales à ceux de la race noire, ces actes servent de signal à de nouveaux forfaits, sur tous les points de la colonie, contre les hommes de couleur : partout on met leurs têtes à prix ; et des assassins s’empressent de gagner cette honteuse récompense ! Le sang humain devient une sorte de marchandise qui est payée au poids de l’or !… La traite des noirs n’était-elle pas déjà un trafic de chair humaine ?


Nous avons parlé du club Massiac. Les planteurs qui le composaient étaient parvenus à s’entendre avec M. de la Luzerne, ministre de la marine, et à obtenir du gouvernement royal l’autorisation de former une assemblée à Saint-Domingue : elle devait se borner à émettre des vœux et à faire connaître les besoins de la colonie. Mais, en s’établissant, elle arbora le drapeau de toutes les prétentions des colons à se gouverner eux-mêmes. Réunie à Saint-Marc le 25 mars 1790, elle se constitua, le 15 avril suivant, en assemblée générale de la partie française de Saint-Domingue.

Ce titre avait été suggéré par l’assemblée provinciale du Nord, siégeant au Cap, dans une lettre adressée aux comités de l’Ouest et du Sud, en date du 24 décembre 1789. On y lit :