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ture et celui que suivait Rigaud : cause de la première guerre civile, accompagnée des autres motifs que nous venons de signaler ; et plus encore, l’antagonisme entre le système politique de H. Christophe et celui de Pétion, seule et unique cause de la seconde guerre civile qui se termina à la mort du premier de ces deux chefs.

C’est à tort que les étrangers ont cru voir dans ces deux guerres une querelle de castes, une lutte de couleurs : cette détestable question n’en fut point la cause réelle. Sans doute, ces mots de nègres, de mulâtres, ont été employés durant ces luttes désastreuses ; sans doute, des actes barbares ont donné lieu à égarer l’opinion des observateurs superficiels : des Haïtiens eux-mêmes, peu réfléchis, peu instruits des vrais motifs de ces dissensions intestines, l’ont cru aussi sur la foi des écrits publiés à ces époques reculées, surtout à l’étranger, sans songer que, de part et d’autre, les hommes des deux couleurs combattaient les uns contre les autres dans les rangs opposés, et qu’ils périrent également victimes de ces affreuses fureurs. Mais la vérité historique fondée sur des particularités incontestables fera justice de ces erreurs, accréditées absolument par l’ignorance des choses.


Résumons nos opinions, nées de l’observation consciencieuse des faits de notre histoire nationale.

Par tout ce que nous avons dit des habitans de chacune des anciennes divisions territoriales d’Haïti, de leurs dispositions respectives, des sentimens qui animaient ces hommes, des idées traditionnelles qui agissaient avec plus ou moins d’influence sur eux, on peut reconnaître que :

Dans le Nord, les principes aristocratiques dominaient :