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encore un témoignage de respect envers la postérité.

Tels sont les principes qui m’ont guidé dans mon travail, où j’ai appliqué d’ailleurs cette règle constante de ma conduite : Fais ce que dois, advienne que pourra.

Dans les premiers livres que je publie aujourd’hui, il n’est question que de la lutte entre deux races d’hommes. Cette lutte sera encore l’objet de quelques publications. Appartenant essentiellement à celle qui a été opprimée, qui a revendiqué ses droits les armes à la main, en se vengeant des longues injustices qui ont pesé sur elle, j’ai peut-être mis dans mon langage une certaine énergie qui naissait du sujet que j’avais à traiter. Mais, je le déclare hautement, je suis surtout animé contre le système, contre le détestable régime colonial dont les Haïtiens ont secoué le joug. Fondé sur la cupidité la plus aveugle, il a méconnu ses vrais intérêts ; il a été la cause évidente de tous les maux que la race noire a endurés. Pouvais-je ne pas m’élever à la plus haute indignation contre les actes que cet infernal régime a fait commettre, lorsque des hommes consciencieux parmi les Européens les ont eux-mêmes flétris ?

Pour composer les deux premiers livres de mon ouvrage, j’ai puisé surtout dans le rapport si impartial, fait par Garran de Coulon, au nom de la commission des colonies qui a entendu Polvérel et Sonthonax, se défendant contre les accusations passionnées des colons de Saint-Domingue. C’est à ce travail qu’on doit la précieuse connaissance des faits révolutionnaires, de 1789 à 1794. Sans ce rapport, les Haïtiens ne pourraient établir une base certaine pour leur histoire ; car ils ne possèdent pas la plupart des documens qui ont passé sous les yeux de cette commission ; et ensuite, les débats entre les accu-