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Puisse mon pays me savoir bon gré de mes intentions et de mes efforts pour rehausser la gloire de tous ! Quelque sévère que puisse ou que doive être l’histoire envers quelques-uns, ils ne sont pas moins dignes du souvenir des générations qui leur ont succédé. Les hommes sont imparfaits de leur nature. Mais une nation s’honore toujours en se ressouvenant des services rendus par ses défenseurs.

Ainsi que je l’ai déjà fait, en écrivant ces pages, mon but est d’exciter en mes concitoyens, s’il en est besoin, le désir de connaître sous leur vrai jour les événemens qui ont amené ces défenseurs de nos droits à créer une patrie pour nous.

Mais l’histoire ne doit pas être un simple récit des événemens. Elle comporte des enseignemens toujours utiles au peuple dont elle raconte les actions. Son objet doit être d’indiquer ce qu’il y a eu de louable ou de condamnable dans ces actions. C’est par là qu’elle encourage les hommes à faire le bien, qu’elle les détourne du mal.

Celui qui se donne une telle mission doit se proposer cette fin, s’il veut obtenir l’approbation de ses contemporains et l’estime de la postérité. Pour y parvenir, il doit se mettre au-dessus de toutes les passions qui ont occasionné les animosités, les rivalités entre les hommes des temps reculés qu’il décrit. En appréciant leur conduite et les sentimens qui les animaient, s’il trouve à louer des actes généreux, il doit y mettre son bonheur ; mais s’il y découvre des motifs honteux, il ne doit pas hésiter à les flétrir.

La louange ou la flétrissure de l’histoire ne sont pas seulement un hommage rendu à la vérité ; elles sont