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pays lorsqu’on le connaît bien. Ses qualités propres sont la persévérance au travail, un bon sens robuste, une probité à toute épreuve. Les passions et les querelles intestines n’ont pu les entamer. En dépit des apparences, la France des politiciens est toute de surface, on peut l’ignorer ; le cœur de la nation ne bat pas chez elle. Aussi l’ai-je dédaignée. Si je rencontrais un industriel qui avait doté sa ville ou sa province d’une branche nouvelle d’activité, un agronome dont l’exemple avait transformé la culture du sol, peu m’importaient, peu m’importent ses opinions. Celui-là est un bon Français de France.

Je me suis pris de passion pour ces efforts, j’en ai davantage aimé notre grande et chère patrie, je me suis promis d’achever de mettre en lumière et les beautés naturelles du pays et les vertus domestiques de ses enfants.

Dans le voyage que je vais accomplir à travers les Alpes, je trouverai de nouveau ces qualités de notre race. J’y verrai l’attachement profond à la terre natale, même âpre et marâtre comme dans le Dévoluy et la haute vallée de la Durance ; j’étudierai les efforts des hommes de cœur qui tentent de ramener la verdure et les bois sur ces monts dénudés, l’œuvre séculaire et patiente de ceux qui ont reconquis les graviers et les sables