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sentie ce matin : une chaîne calcaire sans grande allure.

En attendant une éclaircie, nous avons passé l’après-midi dans l’hôtel à regarder tomber la pluie. Pleuvra-t-il encore demain pour notre excursion à Sixt ?

Elle tombe bruyamment cette pluie, en résonnant sur le zinc de la terrasse. Ce murmure incessant et morose est parfois couvert par la corne du tramway à vapeur de Genève. Notre distraction est de contempler les wagons sans cesse remplis. Décidément Annemasse, avec ce mouvement de voyageurs de banlieue, est un simple satellite de Genève. Il en est de même pour toute la zone du Genevois sur le versant de l’Arve et du Rhône. Bourgs, villes et villages ont leurs relations d’intérêts avec la grande agglomération suisse du débouché du Léman. Mais, tout en dépendant de Genève au point de vus économique, cette petite contrée reste profondément française par les traditions. Les habitants sont catholiques et cela seul suffirait à maintenir une séparation morale avec la Rome protestante, si le Chablais et le Faucigny ne s’étaient pas volontairement ralliés à la grande patrie.

Cette sorte de nationalité double de la petite province savoisienne n’en est pas moins singu-