Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

côté de la France ; avec Genève seulement il a des relations.

La ville française la plus voisine, celle qui a la prépondérance officielle, Saint-Julien-en-Genevois, est, d’ailleurs, une pure fiction administrative. Saint-Julien n’est pas une ville, c’est à peine un bourg, formé par une rangée de grands édifices : hôtel de ville, palais de justice, écoles, et de maisons bordant le route. Le chemin de fer de Bellegarde y conduit en longeant la base du Salève. Cette ligne est parallèle à la route servant de frontière entre la Haute-Savoie et le canton de Genève. Frontière purement idéale, imposée par les traités de 1815 qui ont enlevé à la France et à la Savoie de nombreuses communes dans le but de donner à Genève une banlieue. Les plus admirables vignobles du monde au flanc du Salève, de gais vide-bouteilles, de jolis villages dominés par la crête trop régulière de la montagne, voici la partie française ; vers la Suisse une ample plaine agricole, bordée par la chaîne bleue du Jura ; en somme, un pays coquet et pimpant, tel est l’aspect de cette partie du Genevois jusqu’aux abords de Saint-Julien.

La bourgade est à la frontière même. Sur la route, près de la villa servant de sous-préfecture au fonctionnaire le plus cosmopolite de France,