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endroits de blocs erratiques, sont couvertes d’une herbe haute, épaisse et drue. Peu à peu on revoit la vigne, elle domine même lorsqu’on arrive au-dessus de l’Arve, abondante et rapide, contenue entre les rochers d’un défilé, utilisée par les turbines qui produisent l’électricité pour le chemin de fer du Salève. Le puissant torrent contourne la pointe du petit Salève et pénètre dans la plaine de Genève ; il est franchi, en ce point, par le chemin de fer, un peu avant la grande gare frontière d’Annemasse.

Annemasse est à l’extrême limite de notre pays : c’est, en réalité, un faubourg de Genève, à laquelle le relient le chemin de fer et une ligne de tramway. Grande bourgade de cafés et d’auberges, elle doit uniquement son importance à cette situation. La France, voulant éviter le territoire suisse, pour ses voies de communication avec les rives du Léman, a dû faire rayonner chemins, routes et chemins de fer de cette fissure où l’Arve échappe aux montagnes. Le chemin de fer de Bellegarde à Thonon et au Valais, la petite ligne de Samoëns, la grande voie d’Aix-les-Bains à Genève s’y rencontrent ; près de là, à Étrembières, part la ligne du Salève. Il ne faut donc pas s’étonner si le petit hameau est en passe de devenir une ville. Mais il ne regarde pas du