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carrossable cesse. C’est désormais une piste rocailleuse, tantôt au sein des prairies, tantôt dans une forêt de sapins profondément ravinée, mais bien belle. En sortant du bois, on traverse d’immenses pâturages, semés d’une infinité de petits chalets appelés parcs, magasins où l’on enferme le foin embaumé de la montagne. L’hiver, quand la neige durcie rend les transports plus faciles, on vient chaque jour charger le foin sur des traîneaux. En ce moment ces parcs sont habités, ils servent d’abris aux faneurs et aux faneuses.

Voici encore des bois ; le chemin, tout à l’heure difficile, se fait très rude pour atteindre un plateau montueux, s’abaissant vers l’ouest en une combe qui traverse la montagne et devient, plus loin, le large et riant vallon de Bellecombe. Cette vue inattendue est fort belle.

Maintenant ce sont des aboiements, des bêlements, des grognements, des fanfares de coqs. Le pays, tout à l’heure solitaire, s’est soudain animé. Des chalets, d’où monte une fumée bleue indiquant une résidence de longue durée, s’élèvent au milieu des pâturages. Des bandes de porcs, des troupeaux de vaches, des chèvres paissent partout. Nous sommes à La Bornette, dans la zone des pâturages ; la plus grande partie du bétail séjourne ici jusqu’aux premières neiges.