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Le temps m’a manqué pour parcourir ces vallées étroites et profondes : nous voulions arriver le même jour au bord du lac d’Annecy. Il fallut gagner La Compote par un riant sentier à travers bois. On nous avait promis des mulets, mais en cette saison les mulets sont rares ; toute la population active est montée aux pâturages, emmenant les bêtes de bât. Un meunier finit par nous amener deux mulets, haut sur jambes. Mais, dans toute La Compote, il n’y a plus un bât, ni une selle, il faut monter à poil ! La chevauchée ne me plaît guère, ma monture portera les bagages ; Sabattier, d’un bond, saute sur l’autre ; les jambes ballantes il commence l’ascension ; il lui en cuira ce soir.

Le fils du meunier nous guide ; un pauvre être estropié, qui fait les commissions entre le Chatelard et Doucy, se joint à nous. Sous les yeux ébahis de cinq ou six habitants restés dans le village — les aubergistes eux-mêmes sont partis — nous nous mettons en route par un joli chemin très montant, sinueux à plaisir, tracé entre de belles prairies plantées d’arbres. Une longue crête boisée à gauche, la puissante montagne du Charbon à droite, avec ses hauts rochers dentelés, enferment le vallon. Voici de jolis hameaux : Doucy-Dessous, Doucy, le Cul-du-Bois et le chemin