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À partir d’École, le pays se peuple. De grands villages se blottissent au creux des monts ou s’étalent sur les pentes. Voici Jarsy, puis La Compote, à l’entrée de la haute vallée où je m’engagerai tout à l’heure. En face se dresse le Colombier, aux contreforts gracieux couverts de sombres forêts trouées de clairières, prairies d’un vert doux. La gamme des verts est exquise, sapins sombres, hêtres argentés, prés veloutés, font de la montagne une sorte de parc alpestre, peut-être trop soigné. C’est, en grand, un jardin anglais pomponné et bichonné, où l’on ne laisserait pas la moindre place au désordre et à la broussaille. Mon ami Sabattier est furieux. Il se dérobe à tout croquis. « On me prendrait pour une peintresse vaporeuse » ! s’écrie-t-il.

C’est charmant et gracieux cependant, ce paysage de montagne mis au point, semble-t-il, pour la colonie mondaine et papillotante d’Aix.

De la montagne, par les sentiers, descendent de petits groupes de paysans portant en des paniers les fleurs cueillies sur les hautes cimes et que l’on vendra ce soir à Aix. Rares sont les edelweiss, mais il y a beaucoup de ces myosotis d’un bleu éclatant que ne connaissent point nos jardins, de grands chardons blancs d’un éclat métallique, des gentianes et, surtout, ce superbe