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nombreux, les garçons de salle dans les restaurants viennent ensuite. Tous ces gens vivent sobrement, accumulant leurs salaires ; dès qu’ils ont une somme suffisante, ils achètent, dans les Bauges, un bout de pré, de bois ou de terre, parfois un petit établissement industriel. J’ai connu à Paris, dans un restaurant, un garçon possédant en Bauges une scierie considérable ; sa femme la faisait valoir pendant qu’il servait l’entrecôte et le triangle de brie traditionnels. Il y resta jusqu’au jour où il eut assez d’économies pour acheter des coupes nombreuses ; aujourd’hui, c’est un marchand de bois très achalandé ; si jamais il est gêné, s’il veut faire des acquisitions nouvelles, ce notable commerçant reviendra sur le boulevard crier :

— Un chateaubriand, un !

Et encaisser le pourboire du client bénévole, chaque sou du franc représentant pour lui quelques pouces de planche de sapin.

En dehors des scieries, les Bauges ont d’ailleurs peu d’éléments d’activité industrielle : quelques moulins sur les torrents, des ateliers de plus en plus rares de clouterie pour le gros clou de porte et de souliers, dans la commune du Noyer, et voilà, pour l’heure, les sources du travail.