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ouvert au milieu de prairies superbes que les faucheurs parcourent en ce moment, couchant les herbes fleuries d’où monte une senteur enivrante. Bien modeste d’altitude, ce col : il atteint 956 mètres seulement au-dessus de la mer, 650 mètres au-dessus de l’Isère, mais il offre un des plus immenses panoramas des Alpes, le plus somptueux aussi, dirai-je, si le mot pouvait s’appliquer à un paysage. Mais ces confins de la Tarentaise, de la Maurienne, du Graisivaudan et de la Savoie propre ont une telle richesse et une si grande variété de cultures, les villes, les bourgs, les villages sont si serrés que le terme « somptueux » rend seul l’impression ressentie.

À peine a-t-on tourné le dos au col, et le paysage est tout autre. Nous entrons dans les Bauges par de belles prairies bordées de bois, en vue de la masse superbe du mont Trélod, dôme puissant hérissé d’une couronne de « dents ». Très profonde se creuse la vallée, dont le fond se couvre peu à peu de cultures.

Le pays a un aspect bien particulier, il ne ressemble en rien aux grandes vallées qui entourent le massif. Dans mon précédent voyage j’avais contourné tout ce puissant groupe calcaire si régulièrement limité par les lacs d’Annecy et du Bourget et la vallée profonde de l’Isère. Vu des