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alpages, dont l’herbe n’est plus arrachée ; les pentes, jadis ravinées, se regazonnent et la richesse remplace la gêne. Si l’exemple était suivi, si l’on reboisait certaines pentes, ce serait à bref délai la régénération de la Maurienne, où tant de montagnes sont affreusement dénudées.

En cette saison, l’aspect de cette vallée de Valloire, verte, animée par de nombreux animaux, est d’une douceur infinie. Aucun bruit ne s’élève que les rumeurs du torrent et le son grave des cloches pendues au cou des ruminants.


Je suis descendu à la nuit par la forêt, ayant sans cesse sous les yeux, à des profondeurs vertigineuses, la ville de Saint-Michel et ses usines, reconnaissables seulement à l’éclatante lumière de l’électricité, ici répandue partout, grâce à la force motrice des torrents.

Quelques minutes après, le chemin de fer me conduisait à Modane où je dois passer la nuit avant d’aller dans les Bauges. La voie est sans cesse au fond de la gorge profonde où l’Arc mugit ; en corniche, en tunnel, avec des pentes très raides, elle atteint bientôt la vaste gare où se fait la jonction des réseaux français et italien.