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la contrée des forestières, iront chaque soir coucher dans les misérables chalets du pâturage pour traire les vaches au matin et préparer le fromage bleu ou persillé de Valloire, qui est loin d’être apprécié comme celui de Tignes ou de Lans-le-Bourg. Il n’est pas rare de voir des forestières faire une course de trois heures chaque soir dans ce but et redescendre dans la matinée, leur travail accompli. Aussi beaucoup d’entre elles se sont décidées à s’inalper complètement avec leurs enfants, elles redescendent aux premiers froids.

Les pâturages remplacent peu à peu les prés dont l’herbe ne peut être recueillis et rapportée qu’au prix de peines infinies. Les riches propriétaires achètent un à un des petits alpages, les soudent entre eux, en font des pâtures où ils laissent, tout l’été, un nombreux bétail, qui sera nourri l’hiver avec le fourrage de prairies plus rapprochées des hameaux. M. Briot, à qui j’ai emprunté ces détails, signale comme exemple le pâturage de la Lozette, près de Valloire, où deux propriétaires ont peu à peu acquis 180 parcelles contenant 180 hectares dépendant jadis de 16 petits chalets. Avec l’aide de l’administration des forêts, on a pu constituer d’excellents herbages. En éliminant les moutons, pour ne faire pâturer que des vaches, on a assuré la préservation des