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mettrait aux troupes de venir se rassembler à l’abri du fort du Télégraphe qui, plus loin, ferme la vallée. L’étroite plaine de Saint-Jean devient bientôt une gorge, mais si bien orientés que la vigne forme une nappe continue sur les premières pentes. En certains points il y a près de deux kilomètres de largeur entre la rivière et la marge des vignobles. Ces vignes sont basses et chétives, leur végétation contraste avec des groupes de beaux noyers, mais elles produisent des vins dont les crus, ignorés sur le boulevard parisien, ont, en Savoie, une réputation légitime.

Au-dessus des vignes, la montagne est percée d’une multitude d’entrées de carrières d’ardoises. Les strates de la roche, disposées sur un angle de 45 degrés environ, ont parfois jusqu’à huit rangées de galeries ; celles-ci s’élèvent jusqu’à une très grande hauteur au flanc des monts.

Les vignes, autour de Saint-Martin-de-la-Porte, sont entourées de murs en pierre sèche, comme on en voit dans le midi de la France. Ici les roches changent de nature, ou du moins les formations géologiques se confondent, car il y a des carrières de plâtre et de chaux hydraulique et je dois rencontrer plusieurs usines à chaux sur la route. Sur la rive droite, un torrent débouche dans l’Arc ; il a formé un énorme cône de déjection,