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de Savoie, dont le comte Humbert allait être la tige.

La route franchit l’Arve aux eaux grises, longe un instant la base du Grand-Chatelard et débouche soudain en vue d’une vieille petite cité à laquelle de grands édifices religieux donnent quelque caractère. Le site manque de grâce, la montagne sur laquelle s’étage la ville semble fuir en pentes couvertes d’une roche noire marbrée de larges plaques de gazon. En face, de grands rochers schisteux semés de maigres bouquets de sapins. Mais les pentes qui bordent la route, bien exposées au soleil, ont de beaux vignobles, dont les produits sont célèbres dans toute la Savoie, sous le nom de vins de Princens ; les roches schisteuses donnent au vin un corps et un bouquet que l’on ne saurait trouver dans les terrains calcaires.

La ville est loin de la gare ; on y parvient par une route défoncée et poudreuse, longée par le torrent fort laid de l’Arvan. Elle n’a pas la gaîté de Moutiers, mais ses édifices publics et privés ont plus d’allure et de grandeur que ceux de la capitale tarentaise ; on devine qu’elle joua un rôle historique et administratif plus considérable. Sous de grands bâtiments sont percées des arcades qui donnent à la ville un certain caractère. Des tours, des débris de remparts, quelques