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Grenoble à Marseille, trouant les contreforts par des tunnels, traversant les vallons sur des viaducs d’apparence aérienne, ligne superbe qui laisse un souvenir profond pour les immenses horizons de pics et de glaciers sans cesse déroulés sous les yeux du voyageur.

Plus bas, c’est le plateau du Trièves profondément creusé par le sillon des torrents descendus du Dévoluy, dont les lits sont tellement au-dessous de la surface du pays que l’un des ponts, celui de Brion, sur l’Ébron, a son tablier à 125 mètres au-dessus du plan d’eau, alors que sa longueur est de 100 mètres à peine. Les villages sont répartis au pied des monts du Diois et autour du serre boisé de la Fayolle, dressé au milieu de la contrée. Mens avec ses toits d’un rouge sombre est la plus grande agglomération du Trièves. Clelles, l’autre chef-lieu de canton, blotti, là-bas, au pied de la silhouette extraordinaire du mont Aiguille, est un simple village.

Le vieux chemin de la Mure rejoint, non loin de Saint-Jean-d’Hérans, la grande route qui a décrit un immense circuit autour du serre de Valson. Cette route, par l’audace de son tracé, mérite bien mieux le nom de merveille du Dauphiné que la manne de Briançon, la motte tremblante ou la fontaine ardente. Elle a été frayée, au-dessous de