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semés sur les pentes ; ils forment de nombreux hameaux autour du village d’Argentine dont le nom si doux s’harmonise à merveille avec cette campagne où les champs exigus, mais bien cultivés, sont coupés par des cordons de vignes. En face, en amphithéâtre, Saint-Georges et Saint-Alban-des-Hurtières et leurs hameaux s’étagent jusqu’aux bois.

La vallée se rétrécit près d’Épierre et se fait morose, enfermés entre des pics de fière allure. L’Arc divague en un lit de graviers, dans lequel il traîne des eaux grises. Le paysage est rendu plus triste par les bandes de gamins déguenillés qui assaillent le touriste, en demandant un petit sou ; il en est à la gare, il en court après les voitures, ma menue monnaie de poche va entre les mains d’une de ces bandes. Le passage des alpinistes a de déplorables résultats sur cette population montagnarde.

En vain, après la Chapelle, le fond de la vallée s’élargit-il un peu. Il est rempli par les bras et les coulées du torrent, par les graviers amenés des monts. Les pics sont plus hauts, plus aigus, ils planent avec majesté au-dessus des forêts sombres. Sur d’étroites pentes, entre les bois et la plaine, des hameaux nombreux, aux maisons très blanches sous leur toit d’ardoise violacée, relèvent