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vigoureuse, les arbres semblent taillés en boules, tant ils ont des formes régulières.

La route, toujours ombragée de noyers et de châtaigniers, continue à longer la rive droite de l’Isère, tandis que le chemin de fer franchit et refranchit le puissant torrent. Sur la rive gauche la roche schisteuse est curieusement feuilletée. L’Isère bondit et écume, ses eaux tumultueuses remplissent de bruit l’étroit défilé. Du haut des montagnes des ruisseaux s’élancent en cascades ; l’une d’elles en face du vieux château de Feissons s’échappe par une faille où monte, raide, par de brusques lacets, le chemin muletier conduisant à Pussy. Plus loin, la route traverse un torrent qui descend de pente en pente, par des cascatelles blanches d’écume, jaillissant de fissures profondes. Ce torrent vient d’arroser une haute vallée, dite de la Grande-Maison. La cascade, superbe par le volume des eaux et la hauteur de la chute, fait mouvoir deux petites usines au bord de l’Isère. Le site est vraiment pittoresque.

L’Isère, contenue dans un lit étroit, se brise au milieu d’énormes blocs de rochers ; les montagnes se rapprochent, projetant des promontoires abrupts au-dessus du torrent. Un vieux pont, un village, une église, des débris de forteresse donnent plus de beauté à cet étroit passage appelé le