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fluent de cette rivière et de l’Isère. De Lanslebourg à Modane c’est un long couloir où la nature et l’art arrêteraient l’envahisseur à chaque pas, gorge profonde, sombre, où la route a difficilement trouvé à se creuser dans les parois de la montagne. Même aux endroits où la vallée semble s’élargir, tel le site curieux du gros bourg de Termignon où les plus grands glaciers de la Vanoise versent leurs eaux par un doron furieux, une poignée d’hommes suffirait à empêcher la traversée de l’Arc. Ce rôle est dévolu au 13e bataillon alpin.

Les obstacles sont innombrables dans cette vallée où l’énorme torrent s’est creusé dans les moraines et dans la roche un lit d’une profondeur extraordinaire. Au point où l’Arc est le plus étroit et le plus encaissé, bien au-dessous de la route, mais dominant encore de 300 mètres le fond de l’abîme, un pont du Diable relie les deux rives. Ce passage extraordinaire a été fortifié par le gouvernement sarde : deux forts et deux batteries, véritables châteaux féodaux aux hauts remparts, couronnent la crête, d’autres ouvrages sont plus élevés encore : ils se dressent sur les prés qui dominent Aussois et Avrieux. Sur la rive gauche de l’Arc une redoute est traversée par la route. Tout cela paraît bien archaïque et peu capable de résister aux canons modernes, mais des tra-