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Le cirque naturel du mont Cenis est, sur les quatre cinquièmes de sa circonférence, entouré par le territoire de la Savoie. Aussi, était-il rattaché autrefois à cette province, bien que les eaux du lac s’écoulent vers la Doire. En 1860, à l’époque de l’annexion, les négociateurs français, dans un esprit de conciliation facile à comprendre, ont laissé distraire cette partie du territoire savoisien et accepté, pour le tracé de la frontière, la règle générale de la ligne du partage des eaux.

Enclavé — ou peu s’en faut — dans le territoire français, dominant de six cents mètres la vallée de l’Arc, ouvert sur elle par deux cols, traversé par l’une des cinq routes carrossables des Alpes franco-italiennes, le plateau du mont Cenis forme un saillant offensif qui ne pouvait manquer de frapper l’esprit des militaires. Aussi, les emplacements des quatre forts ont-ils été choisis visiblement pour protéger le rassemblement d’une armée d’invasion. Leur ensemble forme un véritable camp retranché.

Du haut d’une des crêtes françaises qui relient la pointe Turra au mont Froid, j’en eus, l’an dernier, l’impression saisissante. À 800 mètres au-dessous de mes pieds, la route déroulait son blanc ruban entre les pâturages verdoyants ; au delà du lac, étincelant au soleil levant, se dres-