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Et c’est fort amusant de grimper par les vignes, de descendre vers les miroirs étincelants, de longer les maisons blanches aux toits rouges qui meublent ce paysage semblable à un jouet de Nuremberg. Ces maisons sont vides, ou plutôt elles commencent à s’entrouvrir pour recevoir des hôtes à tournure citadine, venus de Chambéry ou d’Aix. Dans le langage du pays ce sont des « celliers » ou « sarretout », c’est-à-dire serre-tout ; beaucoup appartiennent à des gens de la ville, ils viennent, le dimanche, surveiller leur vignoble. Les autres sont des magasins pour le vin et les divers produits du sol. Ces celliers alimentent eu vin les deux cités. Ils sont pour les Chambésiens ou les Aixois, pour les premiers surtout, ce que sont le mazet pour le Nîmois et la bastide pour le Marseillais, mais ils ont ce qui manque aux vide-bouteilles du Midi, la végétation puissante du paysage et l’eau claire des laguets.

Ce paysage singulier de coteaux faits de débris, de mamelons et de vasques riantes s’appelle les abîmes de Myans. C’est le témoin d’un de ces grands cataclysmes dont les Alpes furent le théâtre. En 1248, à la suite d’un tremblement de terre, une partie du mont Granier fut renversée, ses débris, projetés dans la plaine, formèrent des