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rappellent la Kabylie. Hommes, femmes, enfants, descendant des montagnes où ils ont fauché les prairies, tous sont montés sur de petits bourriquots si menus que les hommes ont presque le pied à terre. Les femmes montent à cheval comme les hommes en enjambant leur âne ; chaque cavalier porte une faux, un râteau ou une fourche.

En aucun autre point de la Savoie on ne rencontre les ânes en aussi grand nombre. À Bessans chaque maison renferme plusieurs de ces petites montures et l’emploi en est général, on ne va pas aux pâturages ou aux champs sans être monté. Ailleurs on n’emploie que le mulet, mais cet animal est d’un prix bien plus élevé, on ne peut en posséder beaucoup et il faut naturellement en restreindre les usages. Cette particularité de Bessans est vraiment curieuse ; dans le pays on prétend que la population serait un reste de l’invasion sarrasine, elle aurait conservé l’emploi des baudets, apporté par les conquérants arabes. Cette remarque ethnographique, faite par quelque zouave retour de Tizi-Ouzou, n’est peut-être pas plus aventureuse que tant d’autres, dues à des savants diplômés. D’ailleurs, de vieilles traditions et beaucoup de noms de lieux ont conservé le souvenir d’une colonie sarrasine.

Le bourg est grand. Comme à Bonneval les