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neige dans laquelle ils se proposent de dissoudre un imperceptible morceau de chocolat. Nous avons du sucre et de l’eau-de-vie et pouvons rendre leur grog moins spartiate.

Ces jeunes gens vont faire route avec nous, après un court repos. Le caporal muletier se pique d’honneur, il veut faire voir comment marchent les alpins. Naturellement, à la descente du col, tout le monde a mis pied à terre ; à mulet on roulerait facilement sur les pentes abruptes. Nous avons une descente de 1,140 mètres à faire sur un parcours de six ou sept kilomètres à peine ; le col est à 2,789 mètres, Val-d’Isère à 1,849 mètres, Bonneval à 1,835.

À peine avons-nous commencé à descendre et le ciel paraît moins chargé, la neige cesse ; le temps est moins mauvais sur ce versant. Nous pouvons voir les pies et les glaciers de la Levanna et de la Vanoise. Le sentier, abrupt et rocheux, parvient bientôt sur les flancs d’un ravin profond, où les neiges d’hiver n’ont pu fondre entièrement ; parfois elles recouvrent le torrent de la Lenta, celui-ci semble, à chaque instant, pénétrer dans un tunnel tout blanc. Le site est sévère, sinistre parfois ; on suit un véritable escalier de rochers surplombant l’abîme. C’est merveille de voir, derrière nous, les mulets chargés descendre, avec