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franchit l’obstacle. Je remonte en selle et nous reprenons l’ascension par cette pente escarpée. On franchit des ruisseaux tombant en cascades, on traverse des sentiers de moutons : à ce chemin ardu les alpins trouvent encore des raccourcis ! Dans les roches ils cueillent en abondance des edelweiss, l’un d’eux m’apporte de superbes rhododendrons. Il pleut toujours, une pluie fine et désagréable, mêlée de neige. À peine voit-on à cent mètres devant soi. Les chasseurs alpins, vieux routiers de l’Iseran, vont cependant sans hésiter, ils se reconnaissent à une foule d’indices. Maintenant la neige tombe en abondance, on en découvre de grandes nappes qui nous font craindre de nous égarer, les alpins rient de ces appréhensions. Bientôt ils montrent une grande pyramide de pierres sèches, puis une autre, ce sont des signaux pour l’hiver. Plus haut encore, voici une cabane de pierre, c’est le col.

Dans la cabane sont deux jeunes gens de 16 à 18 ans, guêtrés, armés de piolets, des cordes enroulées autour d’eux, ils ont à leurs chapeaux des bouquets d’edelweiss et de plumes d’aigle. Ce sont deux touristes lyonnais partis des Alpes bernoises ; ils font pour leurs vacances l’ascension des cols et des glaciers jusqu’à la Durance. Sur une lampe à esprit-de-vin ils font fondre de la