Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pièce commune à causer de leurs voyages. Presque tous les hommes, à Val-d’Isère, quittent le pays dès que le fourrage est rentré et le bétail revenu de l’alpage ; ils se rendent dans les Pyrénées, même en Espagne, exercer de petites industries et de petits métiers.

Au point du jour, le sergent muletier nous réveillait. Il pleuvait ; cependant le détachement partait, nous n’avons pas hésité à partir avec lui. On nous servit un café brûlant, nos sacs furent chargés sur un mulet de bât pendant que nous montions en selle. Puis la petite troupe se mit en marche. Nous étions rois à mulets, les chasseurs tenaient nos bêtes par la bride ou conduisaient celles qui portaient les bagages.


À un kilomètre de Val-d’Isère, on quitte les bords de la rivière pour commencer l’ascension par un chemin tracé entre d’énormes rochers. Le mot « tracé » est peut-être excessif, en réalité on a « cherché » entre les pierres les points les plus accessibles, on les a reliés par de brusques lacets, parfois on passe sur des rochers plats et glissants très inclinés. Mon mulet manque de prise sur l’un d’eux et roule, j’ai le temps de me jeter à terre pour ne pas être pris sous lui. La pauvre bêle est déconfite de l’aventure, mais elle se relève et