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la chaîne blanche des glaciers se dresse au-dessus des monts dans lesquels dort le lac de Tignes.

Le village qui porte ce nom est un triste séjour, même en cette saison. Les montagnes voisines ont leur pied tapissé d’éboulis, au milieu desquels les habitants ont créé des champs d’orge et de seigle entourés de pierres. Le pays est assez riche cependant, il le doit aux pâturages qui couvrent les hauts vallons et les terrasses jusqu’aux abords des glaciers. Le lait de ces troupeaux sert à fabriquer une variété de fromage bleu appelé persillé, produit, du reste, par toute la vallée, depuis Sainte-Foy.

L’hiver est long dans ce bassin ouvert à 1,659 mètres. Les habitants sont bloqués pendant des mois dans la neige. On se réfugie dans les étables où les femmes travaillent à faire une dentelle assez commune, connue sous le nom de dentelle de Tignes ; l’été elles vont vendre ces produits dans les villages, jusque dans la plaine de Savoie. Les dessins ne varient guère, nul n’ayant songé à donner aux Tignardes des modèles nouveaux. On pourrait cependant transformer les procédés, car, à Val-d’Isère, j’ai acheté aux demoiselles Moris, filles du maître d’hôtel, de fort jolie dentelle, tissée d’après des modèles venus du Puy.