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soutanes rouges, les jeunes filles en robes blanches, les femmes en fichus éclatants, les bannières, suivent l’étroite corniche. Les chants nous parviennent, très assourdis.

La chapelle s’appelle le Pertuis, C’est bien un pertuis en effet, cette faille grandiose entre les monts gigantesques de la frontière et ceux plus puissants encore de la Vanoise, dont le mont Pourri est la sentinelle avancée. L’Isère roule à d’effroyables profondeurs ses eaux écumantes et bleues entre des roches éboulées. Soudain l’abîme s’éclaire ; il est plus profond peut-être, mais derrière un éperon rocheux surgit, dans toute sa majesté, la haute pyramide du mont Pourri entourée de glaciers. Au-dessus de nos têtes, comme s’il allait s’écrouler sur le pauvre hameau blotti à ses pieds, voici le glacier de la Gurra aux reflets bleus, strié de crevasses profondes, percé de grottes. Il s’allonge sur un rocher dressé à pic et dominant une étroite terrasse où l’on a bâti une chapelle avec une tour haute et blanche.

Pendant une lieue et demie on longe les glaciers du Pourri, ici torrents moutonnés et figés, là falaises géantes percées de cavernes d’un azur profond. De tous côtés des torrents ruissellent, des cascades bondissent dans les éboulis et les moraines. Sur la route même, des ruisseaux tom-