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de la tour carrée de son église, entre ses deux grands et clairs torrents, le Doron et l’Argentine. De vieux ponts les traversaient autrefois, on a remplacé l’un par une arche moderne, l’autre vient de s’ébouler, on le reconstruit. Ils donnaient accès à d’étroites rues, bordées de hautes maisons et de petites boutiques. L’église est trop peinte à la façon italienne, mais elle renferme une chaire qui est une merveille. Le vieux château, au bord du Doron, a été restauré et repeint, c’est-à-dire défiguré ; il est fameux par le séjour de Henri IV et l’existence fort peu guerrière qu’y mena le roi. C’était une habitation de plaisance, la défense était assurée par le château de la Grande-Salle, au confluent des torrents, et surtout par le château de Beaufort, où nous sommes passés hier et dont le nom a remplacé celui de Basse-Luce que portait primitivement la ville.

Au-dessous du confluent, des baraquements servent d’écuries et de parcs aux mulets et aux batteries du premier groupe alpin (11e bataillon). Ce groupe séjourne longtemps dans la vallée, il a Beaufort pour centre ; la présence des chasseurs est pour la ville et ses environs une source de profits, aussi se transforme-t-elle peu à peu. Lorsque les touristes connaîtront davantage cet admirable coin de la Savoie, Beaufort ne tardera pas