Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment d’inquiétude ; par une chance inouïe, nous avons choisi la bonne piste, à la nuit nous atteignions le chemin carrossable de Haute-Luce à Villard-sur-Doron.

Ce chemin tourne à droite au pied d’un mamelon portant l’ancien château de Beaufort ; en face est un sentier bien frayé mais en pente raide ; nous croyons y voir un raccourci et, bravement, nous le prenons. La nuit vient et nous ne retrouvons pas la route. Un bruit d’eaux furieuses monte d’en bas, c’est un doron. S’il n’y avait pas de pont ? Cette réflexion nous fait froid dans le dos, car il serait dur de remonter là-haut, tout là-haut ! Voici les eaux écumantes. Il y a un pont ! Au delà un chemin boueux, puis un sentier raide, une descente, enfin la grande route et nous voyons briller les lumières d’une ville, c’est Beaufort. Un quart d’heure après, ayant quitté nos vêtements trempés par la pluie, la brume et la transpiration, nous enfilions les pantalons et les gilets prêtés par le maître de l’hôtel du Cheval Blanc et descendions dîner dans cet hétéroclite costume. Nous étions seuls à la salle à manger, heureusement pour nous : étions-nous grotesques dans ces culottes trois fois trop amples, mais une fois trop courtes !

Les chambres de l’hôtel donnent sur le Doron