Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour atteindre les cultures et les prairies entourant le joli village de Notre-Dame-de-Bellecombe. Nous ne nous arrêtons pas, le ciel est toujours menaçant, de petites ondées se suivent, et il faut atteindre le col avant la nuit pour descendre à Beaufort. Tantôt sous les admirables sapins d’une forêt, tantôt par des cultures encore vertes, nous gagnons le hameau de Favray pour descendre une pente raide jusqu’au pont couvert du Nant de milieu. Après cette curieuse galerie de bois, il faut monter encore et gagner le hameau des Frasses, composé de maisons misérables d’aspect ; mais, par les fenêtres entr’ouvertes, on aperçoit des rayons d’armoire remplis de linge blanc. Autour des Frasses, il y a des cultures, malgré l’altitude ; l’avoine est encore verte, comme elle l’est en mai dans la plaine. Mûrira-t-elle jamais ?

Les nuages descendus des monts voilent et attristent le paysage. Dans le grand silence de la montagne, on entend les rumeurs du Nant rouge se brisant entre les rochers ; un coup de vent arrive et chasse les nuées ; au fond du ravin nous voyons briller les eaux du torrent. La nuée qui nous enveloppait se déchire, nous découvrons enfin un admirable vallon alpestre, profond et vert, où des sapins géants forment des groupes